La migraine est une maladie invalidante et chronique, qui affecte entre 10 et 12 % de la population selon les estimations. La recherche de ses causes est l’un des enjeux cruciaux pour améliorer la prévention et la prise en charge de cette affection. Une récente étude s’est penchée sur le rôle de la courbure cervicale dans le déclenchement des crises migraineuses.
Maux de tête et courbure cervicale
Les maux de tête ou céphalées sont des troubles très fréquents, puisque près de la moitié de la population mondiale en connaît au moins un épisode par an, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
Plusieurs catégories de maux de tête sont distingués par les spécialistes :
- Les migraines ;
- Les céphalées tensionnelles (liées à des troubles de la tension artérielle) ;
- Les céphalées sinusales (liées à une obstruction d’un ou plusieurs sinus) ;
- Les céphalées cervico-géniques (liées à des problèmes au niveau de la colonne vertébrale) ;
- Les douleurs provenant de l’articulation de la mâchoire.
Selon le type de mal de tête, les douleurs peuvent être variables en termes de localisation, d’intensité et de ressentis pour le patient. Les causes des maux de tête sont multiples, par exemple le stress, les tensions musculaires, le manque de sommeil, l’exposition prolongée à un écran, une mauvaise posture, des troubles hormonaux ou encore des problèmes articulaires.
Les chiropracteurs associent souvent la survenue des céphalées aux mauvaises postures et aux perturbations de la courbure cervicale. Ces troubles peuvent entraîner des tensions de certains muscles du haut du corps (cou, épaules), qui irradient vers la tête et provoquent des maux de tête. La chiropratique pourrait ainsi, en améliorant les postures et en réalignant la courbure cervicale, diminuer le risque de céphalées.
Le rôle de la courbure cervicale dans la migraine
La courbure cervicale pourrait-elle alors jouer un rôle déterminant dans la survenue de la migraine, l’un des principaux types de céphalées ? Parmi les nombreux facteurs soupçonnés d’être impliqués dans le déclenchement des crises migraineuses, la place de la courbure cervicale restait à déterminer. Dans ce contexte, une récente étude a été publiée dans la revue scientifique Physiotherapy.
Cette étude a porté sur 100 personnes, 50 souffrant de migraines et 50 non touchées par la migraine. Grâce à des techniques radiographiques, leur courbure cervicale a été déterminée, en étudiant l’alignement de la tête et du rachis cervical (zone de la colonne vertébrale au niveau des vertèbres cervicales). De plus, les douleurs cervicales et leurs conséquences en termes d’invalidité ont été évaluées.
Une lordose cervicale modifiée
Les résultats de l’étude ont montré que les personnes souffrant de migraines rapportaient des antécédents de douleurs cervicales plus longs, avec une douleur plus intense et une plus grande incapacité que les personnes sans migraine. De plus, la courbure cervicale des patients migraineux était différente de celle des patients témoins. Ainsi, 78 % des patients migraineux souffraient de douleurs cervicales et montraient une perte de la lordose cervicale physiologique.
À savoir ! La lordose cervicale est une cambrure physiologique (donc naturelle) antérieure de la colonne vertébrale cervicale au niveau du cou.
A l’inverse, les douleurs cervicales n’influenceraient pas la posture de la tête, chez les patients migraineux comme chez les patients témoins. Les patients migraineux présenteraient donc fréquemment un redressement de la région cervicale, qui pourrait perturber la distribution habituelle des forces biomécaniques à ce niveau. Ces troubles pourraient entraîner des déséquilibres musculaires, activant des racines nerveuses impliquées dans la migraine.
Ces résultats vont dans le sens d’une implication de la courbure cervicale dans les mécanismes complexes de déclenchement de la migraine. Une nouvelle piste à confirmer pour mieux prendre en charge les patients souffrant de migraine.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
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