12 % de la population française souffre de crises migraineuses. Pour mieux lutter contre ces douleurs très invalidantes, les chercheurs tentent de comprendre les aspects héréditaires de la maladie. Dernièrement, une équipe de chercheurs du CNRS et de l’université de la Côte d’Azur de Nice a décrypté un nouveau mécanisme moléculaire lié à une mutation génétique. Retour sur ces travaux à l’origine de la conception d’un futur antimigraineux.
Une mutation génétique excitatrice de neurones2
La migraine a une composante héréditaire forte puisque 60 à 70 % des personnes touchées ont un parent qui en souffre aussi.
Jusqu’ici, les scientifiques ont mis en évidence le rôle de certaines mutations génétiques dans la survenue des migraines causées notamment par une hyperexcitabilité électrique des neurones sensoriels.
Cependant, il reste encore à découvrir comment ces mutations génétiques affectent le fonctionnement des protéines.
L’une des questions en suspens est de savoir pourquoi la mutation du gène codant la protéine TRESK provoque la migraine ?
Cette protéine TRESK est un canal ionique à potassium présent sur la membrane des neurones sensoriels à la base du cerveau.
À savoir ! Les canaux ioniques se trouvent à la surface de toutes les cellules du corps humain. En s’ouvrant ou en se refermant, ils contrôlent le flux d’ions (chlorure, sodium, potassium, etc.) qui traverse la membrane et permettent aux cellules de communiquer entre elles.
À savoir ! Un neurone sensoriel, ou un neurone sensitif, capte les messages des récepteurs sensoriels pour les communiquer au système nerveux central (moelle épinière et cerveau).
C’est d’ailleurs cette voie de passage des ions K+ qui est à l’origine de l’activité électrique de la cellule nerveuse. Et, dans son fonctionnement normal, le canal TREK a une fonction inhibitrice sur l’activité électrique du neurone. Lorsqu’il fonctionne bien, il ralentit la survenue de sensations douloureuses.
Grâce à leurs travaux, l’équipe de Guillaume Sandoz de l’institut de biologie de Valrose a mis en évidence que la mutation TRESK entraîne la division de la protéine TRESK en deux protéines.
L’une d’entre elle est inactive (MT1) tandis que l’autre (MT2), inhibe des canaux ioniques inhibiteurs pour augmenter l’activité électrique neuronale, source de migraine.
Vers une nouvelle molécule pharmaceutique ?
Pour donner suite à cette découverte, les chercheurs ont déposé un brevet pour mettre au point un nouvel anti-migraineux. Ils vont coopérer prochainement avec un laboratoire pharmaceutique pour faire les premiers essais sur le modèle animal.
« C’est une nouvelle cible potentielle pour des médicaments antimigraineux », souligne le chercheur du CNRS, Guillaume Sandoz.
L’objectif du nouveau antimigraineux est de diminuer l’intensité de l’activité électrique des neurones en ciblant leurs canaux.
Jusqu’ici les chercheurs ont montré, chez la souris et le rat, que la suppression de l’expression des canaux inhibiteurs générait la migraine. Il leur reste donc à tester l’efficacité de molécules qui vont venir activer ces canaux inhibiteurs. Ici, ils vont venir contrecarrer les effets de la mutation TRESK.
« Nous allons tester des molécules qui ont été développées par l’industrie pharmaceutique et qui sont connues pour activer ces canaux pour voir si on est capable d’inverser cette migraine », déclare Guillaume Sandoz sur le site de France Info.
Julie P., Journaliste scientifique
– « On ouvre une nouvelle piste » : une étude porteuse d’espoirs pour les personnes qui souffrent de migraine. France Info. Consulté le 15 janvier 2019.
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