De l’adaptation au froid à un risque accru de migraine

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Rédigé par Estelle B. et publié le 1 juin 2018

Le chaud et le froid sont bien connus pour agir positivement ou négativement sur la migraine. Des chercheurs viennent de publier les résultats d’une vaste étude génétique, qui associe de nouveau le froid et la migraine. Une mutation génétique responsable de l’adaptation de l’être humain aux environnements froids serait également à l’origine d’un risque majoré de migraines.

homme souffrant du froid sous la neige

Frileux, le cerveau ?!

Le cerveau n’aime pas le froid. L’un des exemples les plus démonstratifs de ce phénomène est la migraine de la crème glacée, encore appelé le coup de froid au cerveau ou le gel du cerveau. Cette réaction cérébrale au froid survient lors de l’ingestion d’une quantité importante de liquides ou d’aliments très froids, comme la glace. Le mal de tête apparaît alors brutalement, dure quelques minutes, avant de disparaître aussi rapidement qu’à son apparition.

Comment expliquer un tel phénomène ? L’introduction d’aliments ou de liquides froids dans la bouche modifie brutalement la température de la gorge, zone dans laquelle passent les artères qui alimentent le cerveau. Le changement de température modifie le calibre de ces artères, ce que le cerveau traduit immédiatement par une sensation douloureuse.

La migraine de la crème glacée serait donc un mécanisme réflexe du cerveau, en réponse à une chute brutale de la température au niveau de la gorge. Mais au-delà de ce phénomène ponctuel, comment notre cerveau réagit-il aux faibles températures extérieures ? Et quel est le lien avec la migraine ?

Une mutation génétique responsable de l’adaptation au froid…

Récemment, des chercheurs ont entrepris une vaste étude génétique sur les populations humaines, en s’intéressant plus particulièrement aux adaptations génétiques des êtres humains vivant dans les pays aux climats rudes et froids. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue scientifique Plos Genetics.

Les travaux de ces chercheurs ont notamment étudié le cas d’un gène, baptisé TRPM-8. Ce gène code pour la protéine TRPM-8, qui est localisée au niveau des neurones sensoriels périphériques et assure le rôle de récepteur de froid. Cette protéine est directement impliquée dans les sensations de froid et dans les réponses physiologiques de l’organisme au froid.

À savoir ! La protéine TRPM-8 a plusieurs fonctions, et notamment elle joue le rôle de récepteur du menthol, ce qui explique la sensation de froid ressentie lors de la consommation de produits mentholés.

Chez l’Homme, deux variantes génétiques du gène TRPM-8 ont été identifiées, et l’une d’elles est plus largement répandue chez les individus vivant dans les pays situés aux hautes latitudes. Les chercheurs estiment que la variante génétique de ce gène aujourd’hui fréquemment répandue dans les pays nordiques aurait participé activement à l’adaptation de l’Homme dans les milieux froids au cours des grandes migrations humaines. Ainsi, cette variante est actuellement présente chez 88 % des personnes ayant des ancêtres Finlandais, mais seulement 5 % des personnes ayant des ancêtres Nigérians.

… mais aussi d’une sensibilité accrue aux migraines !

Si cette variante génétique a permis à l’Homme de s’adapter au froid, elle l’aurait en revanche rendu plus sensible à la migraine. Un résultat pour le moins surprenant ! En effet, l’autre variante génétique du gène TRPM-8, la variante ancestrale, est connue pour protéger contre le risque de migraine, tandis que la nouvelle variante d’adaptation au froid augmenterait le risque d’être sujet aux céphalées chroniques.

Un tel résultat pourrait en partie expliquer pourquoi la prévalence de la migraine est plus forte dans les populations nordiques que chez les Africains et les Afro-américains. Reste désormais à expliquer quel est le lien exact entre la sensibilité de l’organisme au froid et le risque de développer des migraines. Les chercheurs pensent qu’il faut rechercher l’origine de ce lien dans la douleur, commune aux deux phénomènes.

La mise en évidence du rôle de TRPM-8 dans le risque de migraine représente un domaine à explorer pour concevoir des nouveaux traitements, capables de cibler cette protéine particulière. Des résultats qui confirment dans tous les cas le lien étroit entre migraine et froid !

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Human local adaptation of the TRPM8 cold receptor along a latitudinal cline. Key, Felix, M. and al. 2018. Plos Genetics.

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