La migraine touche 15% de la population mondiale, et on estime à 12% le nombre de personnes qui subissent au moins une crise de migraine par an. Les symptômes de la migraine rendent difficile toute activité professionnelle, de ce fait l’impact socio-économique (congés maladie, baisse de la productivité au travail) est très important.
Le CGRP, marqueur de la crise de migraine
A ce jour, s’il existe des traitements permettant de prendre en charge les symptômes migraineux, il n’y a pas encore de molécules permettant d’empêcher la survenue des crises de migraine. Pour répondre à ce besoin, de nombreuses équipes de recherche se sont penchées sur les mécanismes sous-jacents déclenchant les crises de migraine, et notamment sur une petite protéine, la CGRP (Calcitonin gene relatide-peptide), qui agit comme un neuromédiateur dans les voies de la nociception (perception de la douleur). Au cours des crises de migraine, le CGRP est produit au niveau des méninges et entraîne une vasodilatation des vaisseaux accompagnée d’une activation de l’inflammation cellulaire.
En 2002, les premières études préliminaires ont montré que l’injection de CGRP dans la circulation sanguine de patients migraineux entraînait, au bout de quelques heures, des symptômes migraineux, en comparaison la même injection chez des patients non migraineux ne provoquait qu’un simple mal de tête. Ces résultats suggéraient donc que les patients migraineux étaient extrêmement sensibles à l’action de cette petite molécule.
L’intérêt suscité par cette étude a permis le développement de plusieurs essais cliniques visant à empêcher l’action du CGRP chez les patients migraineux. Si les premiers résultats étaient prometteurs, l’ensemble des effets secondaires provoqués par les molécules utilisées ont mis un terme aux essais en cours.
Des anticorps pour contrer le CGRP
Pour contrer ces effets secondaires, une nouvelle voie de recherche a vu le jour : le développement d’anticorps spécifiques pour contrer l’action du CGRP. Les anticorps agissent de manière très ciblée pour empêcher l’action de la molécule contre laquelle ils sont dirigés, toutefois, leur taille moléculaire ne leur permet pas de franchir la barrière hémato-encéphalique. Ce qui pourrait être perçu comme un désavantage se révèle être un avantage ; en effet, si les anticorps ne peuvent pas agir dans le cerveau au site de la migraine, ils entraînent de fait, moins d’effets secondaires en agissant précisément à l’extérieur du cerveau.
4 essais cliniques sont actuellement en cours pour tester l’efficacité de ces anticorps sur les personnes migraineuses. Les premiers résultats sont très encourageants puisque 15% des patients traités sont totalement soulagés et ne subissent plus de crises.
Si les résultats semblent encourageants, certains chercheurs apportent un bémol, et précisent qu’il faudra suivre très minutieusement, sur le long terme, les effets secondaires provoqués par ce type de traitements. Le traitement de la migraine par injection d’anticorps doit encore être évalué dans des essais cliniques de phase III avant de pouvoir être proposé à l’ensemble des patients migraineux. Si les résultats sont concluants, ils pourraient apporter un soulagement pour les millions de personnes souffrant de crises de migraine.
Sources :
(1) INSERM dossier Migraine
(2) Feature: Will antibodies finally put an end to migraines? Science magazine, 2016
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