Erénumab : Selon l’INSERM, environ 12 % des français adultes sont concernés par la migraine, les femmes étant 2 à 3 fois plus touchées que les hommes. Les traitements actuels ne permettent pas toujours de soulager efficacement les patients, la migraine pouvant fortement altérer la qualité de vie. Parmi les derniers médicaments indiqués dans la prise en charge de la migraine, l’érénumab est au centre de nombreux espoirs.
Erénumab et migraine épisodique
Les migraines regroupent en réalité plusieurs catégories d’affections, parmi lesquelles la migraine épisodique. La migraine épisodique est une migraine, commune ou avec aura, qui survient sous la formes de crises épisodiques d’une durée variable, entre 4 et 72 heures.
Entre les épisodes de migraine, la personne touchée ne ressent aucun symptôme migraineux. La fréquence des crises varie d’une personne à l’autre, de moins d’une crise par mois à plusieurs épisodes par semaine.
Les dernières recherches sur le développement de nouveaux composés antimigraineux ont permis de révéler l’intérêt des anticorps monoclonaux capables de cibler spécifiquement le neuropeptide CGRP (Calcitonin Gene-Related Peptide), connu pour être impliqué dans les mécanismes pathologiques de la migraine.
Plusieurs études ont déjà permis de démontrer l’efficacité de l’érénumab, un anticorps dirigé contre le CGRP, dans la prévention des crises migraineuses épisodiques ou chroniques.
Efficacité et tolérance de l’érénumab contre placebo
Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont entrepris de tester l’effet de l’érénumab sur la fréquence des crises de migraine épisodique, résistante à plusieurs autres traitements préventifs. Cette étude clinique, baptisée LIBERTY, a été menée dans 59 centres de 16 pays, sur 246 personnes âgées de 18 à 65 ans, atteintes de migraine épisodique, avec ou sans aura, depuis au moins une année.
Pour être inclus dans l’étude, les participants devaient souffrir de migraine entre 4 et 14 jours par mois, sur les 3 derniers mois. De plus, leurs crises migraineuses devaient être résistantes à plusieurs traitements préventifs de la migraine (entre 2 et 4, les plus fréquemment utilisés ayant été le topiramate, l’amitriptyline et le propranolol.
Les participants ont été aléatoirement répartis dans deux groupes :
- Un groupe de 121 personnes a été traité par 140 mg d’érénumab administré en sous-cutané toutes les 4 semaines pendant 12 semaines ;
- Un groupe de 125 personnes a reçu un placebo.
Après 12 semaines de traitement, 30 % des patients du groupe érénumab présentaient une diminution d’au moins 50 % du nombre de jours de migraine par mois, contre 14 % dans le groupe placebo. Une diminution d’au moins 75 % des jours de migraine était notée pour 12 % des patients traités par érénumab, contre seulement 4 % dans le groupe placebo.
En termes de tolérance, des proportions similaires de patients des deux groupes ont présenté au moins un effet indésirable (55 % dans le groupe érénumab et 54 % dans le groupe placebo). Sous placebo, 1 % des patients ont dû stopper le traitement pour cause d’intolérance, alors qu’aucun arrêt de traitement n’a été observé dans le groupe érénumab.
Un nouveau traitement de prévention des épisodes migraineux ?
A ce stade de l’essai clinique LIBERTY, les données recueillies après 12 semaines de traitement montrent que l’érénumab permet de doubler le nombre de patients présentant une diminution d’au moins 50 % de la fréquence des épisodes migraineux. Cette efficacité de l’anticorps est d’autant plus intéressante qu’elle a été mise en évidence chez des patients résistants aux traitements préventifs actuels des crises migraineuses.
Après cette phase initiale de 12 semaines, l’étude LIBERTY se poursuit en ouvert sur une seconde période de 156 semaines. Les futures données sur cette longue période de suivi seront très informatives, pour définir plus précisément la place de l’érénumab dans la stratégie de prise en charge de la migraine épisodique.
Néanmoins, les résultats déjà obtenus sont déjà prometteurs pour réduire la fréquence des épisodes migraineux, et ainsi améliorer significativement la qualité de vie des personnes touchées par la migraine épisodique.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie