Les hormones sexuelles, en particulier les œstrogènes, pourraient expliquer pourquoi les femmes seraient plus sujettes aux migraines que les hommes. C’est ce que révèle une nouvelle étude espagnole publiée dans le journal Frontiers in Molecular Biosciences.
Lien entre hormones sexuelles et migraine
Affectant 15% de la population française, la migraine est une maladie neurologique dont les causes d’apparition sont nombreuses et encore mal comprises. Stress, manque de sommeil, ou encore effort physique sont souvent pointés du doigt. Mais c’est sans compter sur les hormones, qui ont également un rôle à jouer dans la survenue des migraines.
Dans ce contexte, une équipe de scientifiques a cherché à connaître l’impact des hormones sexuelles dans l’apparition des migraines qui semblent toucher préférentiellement la population féminine.
L’étude révèle un mécanisme potentiel à l’origine de la migraine qui pourrait expliquer pourquoi les femmes y sont plus sujettes que les hommes. L’étude suggère en effet que les hormones sexuelles affectent les cellules situées autour du nerf trijumeau et connectées aux vaisseaux sanguins de la tête.
À savoir ! Le nerf trijumeau désigne le plus volumineux des nerfs crâniens. Il est composé de fibres nerveuses sensitives et motrices donnant naissance à 3 nerfs dont les prolongations atteignent des zones bien précises du visage. Le nerf trijumeau participe à la communication sensorielle du visage, à la mastication et la déglutition et intervient dans différents réflexes. Les maux de têtes et les migraines sont des pathologies associées au nerf trijumeau.
Les œstrogènes se trouvant à leur plus haut niveau chez les femmes en âge de procréer, joueraient ainsi un rôle particulièrement important dans la sensibilisation de ces cellules déclencheurs de migraines :
« Nous pouvons observer des différences significatives dans notre modèle expérimental entre le sexe masculin et le sexe féminin et nous tentons de comprendre les relations moléculaires responsables de ces différences », explique le Professeur Antonio Ferrer-Montiel de l’Université Miguel Hernández, en Espagne.
Le rôle clé des œstrogènes
Pour mener à bien leurs recherches et identifier le rôle de ces hormones spécifiques, les scientifiques ont passé en revue des décennies d’études relatives aux hormones sexuelles, à la sensibilité aux migraines et aux réponses cellulaires qui déclenche les migraines.
Ils ont ainsi pu faire les observations suivantes :
- Certaines hormones, comme la testostérone semblent protéger contre les migraines alors que d’autres, comme la prolactine, semblent au contraire les intensifier.
- Les œstrogènes apparaissent comme un facteur clé dans la survenue des migraines en raison de la forte prévalence des migraines chez les femmes réglées et l’association de certains types de migraines avec les changements hormonaux relatifs à cette période.
L’équipe de chercheurs suggère enfin que les œstrogènes et les variations dans leur taux sensibilisent aux stimuli les cellules situées autour du nerf trijumeau facilitant le déclenchement des crises de migraines :
« Bien qu’il s’agisse d’un processus complexe, nous pensons que la modulation du système vasculaire du trijumeau par les hormones sexuelles joue un rôle important qui n’a pas encore été correctement identifié ».
L’équipe de chercheurs insiste cependant sur le fait que ces découvertes ne sont qu’un travail préliminaire à d’autres recherches sur le sujet. Le rôle des œstrogènes et des autres hormones dans le mécanisme de la migraine étant en effet complexe, les auteurs soulignent le besoin d’études centrées sur la relation entre les hormones menstruelles et les migraines.
Néanmoins, ce travail ouvre la voie à d’éventuels traitements plus efficaces et personnalisés contre la migraine. Les scientifiques ont l’intention de poursuivre leurs recherches en utilisant des modèles précliniques qui seront un meilleur reflet de la réalité :
« Si cela réussit, nous contribuerons à un meilleur traitement personnalisé de la migraine ».
L’enjeu vaut bien le coup de continuer à se creuser la tête !
Déborah L., Docteur en Pharmacie
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