Jusqu’à 20 % des adultes et 10 % des enfants souffrent de migraines. Pour prévenir ou mieux soulager cette maladie neurologique très invalidante, de nombreuses études sont menées. Tour d’horizon des nouveaux traitements autorisés récemment et des pistes de recherche les plus prometteuses.
Réduire l’activité du messager de douleur CGRP
Pour le traitement de fond de la migraine, dont l’objectif est la diminution de la fréquence des crises, la mise au point de molécules empêchant l’activité du calcitonine gene related peptid (CGRP), un messager de douleur, est un événement majeur.
Certains spécialistes comparent cette découverte à celle des triptans (vasoconstricteur agissant sur la voie biochimique de la sérotonine dans les enveloppes du cerveau ou des méninges) dans les années 1990.
À savoir ! Le Cgrp est un neuropeptide qui dilate les vaisseaux sanguins et module l’activité des récepteurs à la douleur. Son récepteur est présent dans le ganglion trigéminal (ganglion nerveux et sensitif du nerf trijumeau localisé à la base du crâne) et le taux sanguin en Cgrp augmente pendant la crise de migraine. L’antagoniste du Cgrp vient se positionner au niveau des récepteurs du Cgrp pour empêcher le Cgrp de s’y fixer et d’entrainer une cascade de réactions biochimiques qui va entrainer une crise migraineuse.
En Europe, l’érénumab et le galcanézumab, les anticorps dirigés contre le récepteur du Cgrp ont reçu leur autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les adultes souffrant de migraines chroniques ou épisodiques.
De l’autre côté de l’Atlantique, la Food and drug administration (FDA) a approuvé également le frémanézumab et d’ici peu de temps, l’éptinézumab sera également mis sur le marché.
Ces 4 anticorps anti-Cgrp sont injectés par voie intraveineuse ou sous-cutanée une à deux fois par mois.
« L’efficacité des anti-Cgrp est probablement meilleure que celle des autres médicaments, avec une tolérance à court et moyen terme tout à fait satisfaisante. Surtout, il existe un sous-groupe de patients qui n’ont plus du tout de crises. Cela n’a jamais été vu avec les autres traitements de fond. Mais ils ne sont pas efficaces pour tous les migraineux « précise Caroline Roos, responsable du centre Urgence céphalées de l’hôpital Lariboisière de Paris dans les colonnes du site egora.fr.
Par ailleurs, la prescription de ces médicaments anti-Cgrp, réservée aux neurologues, devra s’inscrire dans un parcours de soin intégrant l’échec de deux classes de traitement de fond. « C’est un traitement de seconde intention et en Allemagne ce sera après échec de 4 molécules » souligne le Docteur Roos.
De nouvelles pistes de recherche pour traiter les crises rapidement
Les essais sur les gépans (antagoniste du CGRP), suspendus transitoirement pour cause d’hépatotoxicité, ont repris avec une nouvelle génération de molécules.
Ici, il s’agit de molécules anti-Cgrp à prendre par voie orale et non plus d’anticorps : rimegepant et de l’ubrogepant dont les dossiers d’autorisation seront remis à la FDA en 2019.
Dans une étude clinique, le rimegepant a entraîné la disparition de la douleur chez 20 % des patients après 2 heures contre 12 % avec le placebo.
Actuellement, le laboratoire Biohaven qui travaille sur le rimegepant mène des essais sur des formes orodispersible ou administrable par voie intranasale du médicament.
L’objectif ? Assurer une libération rapide de la molécule dans l’organisme pour calmer la crise migraineuse dans un délai de 10 à 15 minutes.
L’ubrogepant a montré des résultats comparables au rimegepant.
Les autres pistes pour les traitements de fond
Concernant les traitements de fond, plusieurs pistes ont déjà donné lieu à des prototypes de médicaments comme :
- Des anticorps dirigés contre le Pacap (pituitary adenylate cyclase-activating peptide), un neurotransmetteur proche du CGRP ;
- Deux inhibiteurs de la NO-synthétase (enzyme responsable de la libération d’oxyde nitrique dans les cellules) pour le traitement de la crise et de la migraine chronique (l’oxyde nitrique (NO) semble jouer un rôle dans la crise de migraine) ;
- Des inhibiteurs de prostaglandines (molécules de signalisation impliquées dans les céphalées).
D’autres pistes non médicamenteuses sont également à l’étude comme la stimulation magnétique ou électrique externe (Cefaly) et les techniques de relaxation.
Julie.P, Journaliste Scientifique
Les commentaires sont fermés.